
On doit se retrouver chez lui à 19h45, précises. Le détail est d’importance car l’homme avec lequel j’ai rendez-vous est quelque peu maniaque : il aime l’ordre, les chemises bien repassées, le soufflé servi dès qu’il est cuit. Son air faussement affranchi et ses blagues égrillardes ne parviennent pas à faire oublier son anatomie coincée dans un polo boutonné jusqu’au cou. Je ne sais plus quel est son nom, mais, qu’il s’appelle Paul, Emile, Victor ou les trois à la fois m’importe peu. Je ne compte pas explorer les régions polaires, ce soir. J’ai juste besoin d’un homme doté de tous ses attributs.
Toute la journée, j’ai angoissé à l’idée de ne pouvoir me rendre à cette rencontre programmée, option "plus si affinités". Je suis en manque depuis si longtemps ! Heureusement, j’ai réussi à échapper à l’épidémie de grippe aviaire, la troisième guerre mondiale n’a pas été déclarée et, ma belle-sœur a choisi un autre jour pour se suicider en ingurgitant tous les anxiolytiques de son caniche nain.
Maintenant que le moment fatidique approche, je ne vois plus que l’aiguille de la trotteuse qui s’affole comme une boussole cherchant le Nord. Mon cœur palpite, mes tempes battent à toute vitesse, mes jointures sont pleines de sueur. Mon appartement est un fouillis indescriptible de vêtements, chaussures, accessoires sensés m’affubler du look idéal de la femme "classe", un brin sexy. Est-ce que je vais être à la hauteur ? Vais-je lui plaire avec mon fond de teint à 45€, le bustier qui me comprime la taille et mes escarpins vertigineux ?
Pour m’encourager, je me verse un verre de cognac. Tout de suite, mes joues reprennent des couleurs. Je me sens mieux et pleine de certitudes, gonflée à bloc comme une Mata Hari sur le point d’entrer en scène.
C’est vrai que ça détend ce truc ! Par précaution, j’en prend un deuxième afin d’éviter que l’effet ne soit dissipé avant d’arriver chez lui. On n’est jamais trop prudente ! Je suis tellement zen que je manque oublier l’heure de mon rendez-vous. Je lève le camp sur les chapeaux de roue, toute émoustillée par l’alcool et l’imminence de la rencontre.
Ouf ! Il est 19H43 lorsque j’arrive au bout de la rue. J’aperçois la Renault 21 de Paul-Emile Victor, rutilante à force de produit lustrant, neuve comme au premier jour, attendant d’être remisée sous sa bâche pour la nuit. La promesse d’une soirée inoubliable décuple ma frénésie. Je m’élance vers ma destinée, le pied au plancher.
Je ne saurai dire si mes talons trop hauts ont ripé, si le temps a accéléré brusquement sa marche ou si la rue a raccourci. Toujours est-il que ma voiture a percuté dans un vacarme assourdissant, celle de mon Ex Roméo potentiel. Lâchement, j’ai pris la fuite, pour ne pas compromettre notre relation.
Malgré mes précautions, il ne m’a jamais rappelé. Maintenant, c’est sûr ! Il a dû remarquer ma voiture qui tournait au coin de la rue, les portières bringuebalantes, le klaxon coincé, couvrant de ses décibels les pétarades du moteur déglingué.
Toute la journée, j’ai angoissé à l’idée de ne pouvoir me rendre à cette rencontre programmée, option "plus si affinités". Je suis en manque depuis si longtemps ! Heureusement, j’ai réussi à échapper à l’épidémie de grippe aviaire, la troisième guerre mondiale n’a pas été déclarée et, ma belle-sœur a choisi un autre jour pour se suicider en ingurgitant tous les anxiolytiques de son caniche nain.
Maintenant que le moment fatidique approche, je ne vois plus que l’aiguille de la trotteuse qui s’affole comme une boussole cherchant le Nord. Mon cœur palpite, mes tempes battent à toute vitesse, mes jointures sont pleines de sueur. Mon appartement est un fouillis indescriptible de vêtements, chaussures, accessoires sensés m’affubler du look idéal de la femme "classe", un brin sexy. Est-ce que je vais être à la hauteur ? Vais-je lui plaire avec mon fond de teint à 45€, le bustier qui me comprime la taille et mes escarpins vertigineux ?
Pour m’encourager, je me verse un verre de cognac. Tout de suite, mes joues reprennent des couleurs. Je me sens mieux et pleine de certitudes, gonflée à bloc comme une Mata Hari sur le point d’entrer en scène.
C’est vrai que ça détend ce truc ! Par précaution, j’en prend un deuxième afin d’éviter que l’effet ne soit dissipé avant d’arriver chez lui. On n’est jamais trop prudente ! Je suis tellement zen que je manque oublier l’heure de mon rendez-vous. Je lève le camp sur les chapeaux de roue, toute émoustillée par l’alcool et l’imminence de la rencontre.
Ouf ! Il est 19H43 lorsque j’arrive au bout de la rue. J’aperçois la Renault 21 de Paul-Emile Victor, rutilante à force de produit lustrant, neuve comme au premier jour, attendant d’être remisée sous sa bâche pour la nuit. La promesse d’une soirée inoubliable décuple ma frénésie. Je m’élance vers ma destinée, le pied au plancher.
Je ne saurai dire si mes talons trop hauts ont ripé, si le temps a accéléré brusquement sa marche ou si la rue a raccourci. Toujours est-il que ma voiture a percuté dans un vacarme assourdissant, celle de mon Ex Roméo potentiel. Lâchement, j’ai pris la fuite, pour ne pas compromettre notre relation.
Malgré mes précautions, il ne m’a jamais rappelé. Maintenant, c’est sûr ! Il a dû remarquer ma voiture qui tournait au coin de la rue, les portières bringuebalantes, le klaxon coincé, couvrant de ses décibels les pétarades du moteur déglingué.
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